Un pari risqué
Prendre des risques, c’est un choix de plus en plus rarement fait par les constructeurs automobiles. Aussi, que Peugeot décide de remplacer l’un de ses best-sellers, et probablement son modèle le plus rentable, par un autre qui ne lui ressemble en rien parait osé, voire, a-t-on dû penser dans les services financiers du groupe Stellantis, inconscient. Chacun jugera de la pertinence, ou pas, des choix esthétiques faits, mais il est fort probable que tous les fans du précédent opus (ils sont plus de 1 300 000 à travers le monde) n’adhèrent pas à ce nouveau look.
En revanche, la nouvelle version de l’i-Cockpit pourrait faire l’unanimité. Si le principe de base (marier un petit volant avec un combiné d’instrumentations placé en position haute) demeure, la forme évolue profondément. Ainsi, à l’image de ce que l’on trouve chez nombre de marques allemandes, l’instrumentation et le système d’info-divertissement sont désormais dans le prolongement l’un de l’autre. Plus spectaculaire, encore, l’ensemble est « suspendu » au-dessus de la planche de bord. Effet Waouh garanti. Sur le plan objectif, notons que, par rapport à la précédente génération, la qualité des matériaux utilisés à bord et la précision de leurs ajustements sont en net progrès et tutoient désormais le niveau des références de la catégorie.
C’est la moindre des choses lorsque l’on consulte la grille tarifaire. Pour l’instant uniquement disponible dans cette configuration à deux roues motrices, 210 ch et batterie de 73 kWh, l’E-3008 démarre à 44 990 € avant déduction des 4 000 € de bonus. Un tarif qui s’explique, en partie, par la volonté de Peugeot de proposer d’entrée de jeu une dotation très complète : clé mains-libres, caméra de recul, jantes alliage 19 »… Sur le papier, de sérieux rivaux tels que le Renault Scénic E-Tech ou le Tesla Model Y semblent toutefois présenter un rapport prix/prestations plus attractif.
Sur la finition GT de notre modèle d’essai, on trouve, en complément, les projecteurs Pixel LED, le toit noir, la sellerie en Alcantara, le hayon électrique et les jantes de 20 ». Le supplément exigé par Peugeot pour cette montée en gamme, fixé à 2 000 €, reste mesuré. Surtout, il permet à ce haut de gamme de conserver le bonus de 4 000 €, faisant tomber son prix de vente effectif à 42 990 €.
Le mieux, ennemi du bien
Les équipes du Lion se targuent pourtant d’avoir mis les petits plats dans les grands pour leur nouveau bébé. Ce 3008 est ainsi le premier modèle de série à reposer sur la nouvelle plateforme multi-énergies STLA Medium. Evolution de l’EMP2 du précédent 3008, cette base permet d’embarquer des motorisations électriques, mais aussi thermiques et hybrides rechargeables. Elle est également adaptée à des véhicules aussi variés que des SUV, des berlines et même des pick-up. Le hic, c’est que pour répondre à toutes ses contraintes, les ingénieurs ont dû renforcer la structure à tout-va. Au final, l’E-3008 n’a, avec presque 2,2 tonnes à vide, rien d’un lionceau.
Cet embonpoint a deux conséquences majeures au quotidien. La première, c’est qu’il faut beaucoup d’énergie pour déplacer cette auto. Au terme du cycle d’homologation WLTP, Peugeot annonce une consommation moyenne de 16,7 kWh/100 km, ce qui n’a déjà rien d’un record. Dans la vraie vie, même en conservant un rythme de sénateur, il faudra plutôt tabler sur 20 kW/100 km. L’autonomie moyenne oscillera donc aux alentours de 350 km. Très loin des 450 à 500 km que l’on trouve chez certaines marques concurrentes. Pour les gros rouleurs, sachez toutefois qu’une batterie de 98 kWh sera commercialisée avant la fin de l’année.
Autre conséquence du poids, le comportement routier n’offre plus grand-chose de celui d’une Peugeot. Ne vous méprenez toutefois pas : la sécurité est parfaitement assurée, l’auto étant capable de pardonner la plupart des fautes de conduite. Mais il lui manque la vivacité que l’on attend d’une Lionne, ce que les fans du constructeur appellent le « toucher de route Peugeot ». Pour faire simple, à la conduite, ce 3008 se comporte comme le ferait n’importe lequel de ses cousins estampillés Citroën, Fiat ou Opel. Pointons également du doigt le manque de tolérance des suspensions lorsque le bitume n’est plus en parfait état.