La stratégie de Renault pour faire face à la demande en batteries

Cette fois cela semble être fait : la commercialisation de voitures thermiques devrait bel et bien être interdite en Europe 2035. Une décision qui intervient en pleine pénurie de composants et de métaux rares avec donc beaucoup de questions qui se posent.

2035, fin du game pour les thermiquesUne année après la proposition initiale de la Commission Européenne, le Parlement Européen a fini par voter l’interdiction de commercialisation des voitures thermiques. Cette période relativement longue entre la proposition et le vote final résulte de nombreuses discussions qui ont mis en évidence des divergences entre les pays européens. Il a fallu tenir compte de l’économie des différents états membres surtout lorsqu’ils accueillent des constructeurs pas forcément très avancés dans le secteur de l’automobile électrique. Une question d’équilibre entre les énormes enjeux financiers et la nécessité d’œuvrer pour l’environnement est rapidement apparue et les compromis, les discussions… ont été nombreux.

Mais nous y voilà : l’interdiction a reçu 339 voix (249 voix contre et 24 abstentions). Mais tout n’est pas gagné et la résistance demeure réelle. Agnès Evren, députée européenne membre notamment de la commission de l’environnement, soutenait ainsi une alternative qui réduisait de 90 % la commercialisation de véhicules thermiques et non de 100 %. La marge de 10 % permettrait aux constructeurs de faire face à la réalité du monde automobile et à des innovations futures. Notons aussi qu’une exception a été prévue pour les véhicules de luxe, ce qui peut apparaître comme un fait injuste qu’Agnès Evren résume ainsi : « la Clio c’est non, la Ferrari c’est oui. ».

Des questions en pagailleBien évidemment, si la décision va évidemment dans le bon sens, elle soulève énormément de questions. Le différentiel de prix d’achat entre un véhicule électrique et un véhicule thermique équivalent est encore plutôt important, on le situe autour des 25 %… Avec les économies d’échelle, ce surcoût fait plus de résistance que prévu en raison de certaines pénuries et de hausse du prix des matières premières. Certains envisageaient un équilibre tarifaire pour les années 2025 – 2030, tout pourrait être remis en cause, au grand dam des consommateurs. La fabrication de batteries devient tendue, les usines tournant déjà pour la plupart au maximum de leur capacité. Autre élément, les réseaux de stations de recharge ne sont pas encore à la hauteur pour faire face à l’arrivée massive de véhicules électriques. Contraintes techniques, financières et administratives s’ajoutent là aussi à une pénurie de certains composants. Enfin, l’offre en véhicules électriques ne couvre pas encore tous les besoins des consommateurs.

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Les grandes manœuvresDans ce contexte difficile, les différents constructeurs et groupes automobiles se lancent dans de grandes manœuvres avec la signature de nombreux accords de coopération et de mutualisation. Les acteurs cherchent maintenant à pérenniser leur chaine d’approvisionnement en métaux rares afin de pouvoir faire face à la demande en batterie.

C’est notamment le cas de Renault Group qui vient de dévoiler un accord avec Managem Group pour assurer un approvisionnement sécurisé en sulfate de cobalt bas carbone en provenance du Maroc. L’accord prévoit ainsi la fourniture par le géant marocain des secteurs miniers et sidérurgiques de 5 000 tonnes de sulfate de cobalt par an et pour une durée de 7 ans à partir de 2025. Ce partenariat qui passe par la construction d’une usine à Guemassa au Maroc pour transformer le cobalt en sulfure de cobalt correspondra pour Renault Group à la production annuelle de batteries jusqu’à 15 GWh.

Cohérent jusqu’au bout, Renault Group a choisi Managem Group car celui-ci est fortement impliqué dans les questions environnementales : utilisation croissante d’énergies vertes (80 % d’éolien) et installations industrielles à la consommation énergétique optimisée.

Gianluca De Ficchy, directeur des achats de l’Alliance et directeur général de l’Alliance Purchasing Organization (APO), ajoute : « Nous sommes très heureux de nous associer avec Managem Group, acteur minier reconnu en matière de préservation des ressources grâce à ses méthodes de production et de transformation uniques et de contribuer de cette façon au développement économique, social et environnemental de la filière automobile au Maroc. Cet accord constitue une étape supplémentaire pour atteindre l’objectif de diminuer l’empreinte carbone de nos batteries et d’atteindre la neutralité carbone pour le groupe en Europe d’ici 2040, et dans le monde d’ici 2050. La traçabilité et la décarbonation des matières premières de nos batteries sont des enjeux cruciaux pour la mobilité électrique et la transition énergétique. Nous nous assurons ainsi un approvisionnement plus proche de notre écosystème de fabrication de batteries électriques en Europe et à bas carbone ».

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