Nouvelle offensive
Nissan peut bien se targuer d’être le premier constructeur à avoir « massivement » vendu une voiture électrique, avec la première génération de la Leaf. Mais depuis, la compacte ne tient plus vraiment la comparaison avec une concurrence nettement plus capable et moderne.
Plus d’une décennie après cette première Leaf, la marque japonaise relance une offensive – plus tardive – sur le segment des crossover compacts. Une catégorie déjà envahie par la concurrence avec les cousins Volkswagen ID.4 et Skoda Enyaq, les coréens Kia EV6 et Hyundai Ioniq 5 ou encore l’épouvantail Tesla Model Y. Une concurrence bien fournie et plutôt convaincante dans l’ensemble. Arrivé – presque – après la bataille, L’Ariya devra jouer des coudes pour trouver sa place et sortir du lot. C’est pourquoi, le japonais mise sur le coup de cœur, avec une ligne à la fois moderne, épurée, et subtilement sculptée. C’est simple, mais plutôt efficace et joliment proportionné malgré le gabarit imposant.
A bord, c’est également une belle réussite, avec un intérieur joliment dessiné et plutôt raffiné pour la catégorie : entre la jolie suédine, le cuir bleu, le bois avec les commandes de climatisation intégrées et les différents motifs parsemés, l’habitacle de ce Nissan Ariya fleure bon le premium. L’espace ne manque nulle part, le plancher plat libérant de la place à l’avant comme à l’arrière, et l’habitabilité est suffisante au deuxième rang.
Le coffre se montre plus quelconque (415 litres), surtout avec cette version e4ORCE dotée d’un deuxième moteur monté sur le train arrière. A bord, l’ergonomie nécessite de trouver ses marques, et le système multimédia embarqué n’est pas des plus intuitifs. Par ailleurs, la navigation, peu réactive et à la présentation dépassée, fait un peu tâche dans cet environnement cossu.
Performances solides, consommations hautes
La gamme de l’Ariya se compose de trois versions. L’entrée de gamme se contente d’une « petite » batterie de 63 kWh et affiche 218 ch (403 km). Au-dessus, la grande batterie est dotée d’une capacité de 87 kWh et développe 242 ch (533 km). Avec cette même batterie, notre version e4ORCE alimente un deuxième moteur, cette fois monté sur le train arrière. Le résultat, c’est 306 ch, 600 Nm de couple et une transmission intégrale. L’autonomie redescend dans cette configuration à 500 km et l’Ariya promet 36 minutes de recharge pour atteindre 80% de batterie grâce à ses 130 kW « encaissables ».
Sur la route, cet Ariya solidement motorisé ne traîne pas. Ses accélérations sont aussi solides que ses relances, de quoi laisser sur place bon nombre de sportives. Mais ce sprinteur n’a rien d’une ballerine, et ses plus de 2,2 tonnes viennent rapidement se rappeler à notre bon souvenir. Certes, l’amortissement est autoritaire pour verrouiller les mouvements de caisse, et la direction est plutôt prompte à diriger le train avant. Mais le comportement n’est pas vraiment dynamique, l’Ariya se laisse dépasser par sa masse et rappelle qu’il préfère être mené de manière zen. Dommage que l’amortissement soit aussi ferme ceci-dit. Les cousins du groupe Volkswagen, ID.4 et Enyaq proposent par exemple un meilleur compromis.
Notre essai hivernal sur des routes de montagne n’a pas offert les meilleures conditions pour jauger de l’endurance de l’Ariya e4ORCE, mais il nous a été impossible de descendre sous les 21 kWh/100 km. Une liaison autoroutière s’est même soldée par un inquiétant 27 kWh/100 km. Difficile dans ses conditions d’envisager plus de 300 km d’autonomie. Pour un modèle aussi imposant et à la batterie généreusement dimensionnée, c’est peu.
D’autant plus que l’Ariya ne fait aucun cadeau dans cette version, profitant il est vrai d’un équipement pléthorique (64 400 euros). Mais réclamer plus de 4000 euros de plus qu’une Kia EV6 GT, tout aussi moderne mais plus sobre et nettement plus rapide à charger, c’est osé. De son côté, le Tesla Model Y continue de mener les débats et démarre surtout 10 000 euros moins cher dans sa déclinaison Grande Autonomie. Voilà qui ne fait pas les affaires de cet Ariya, qui se montre finalement plus pertinent dans ses versions plus abordables.