Si Carlos Tavares a récemment cédé son fauteuil de Président de l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) au patron du groupe Renault, Luca de Meo, leurs discours respectifs semblent se rejoindre sur bien des points. Dans un communiqué publié ce 31 janvier, Luca de Meo appelle « les dirigeants de l’UE à mettre en place une politique industrielle automobile ambitieuse et structurée, afin de rivaliser avec celles des autres régions du monde« .
Contraintes irréalistes
Dans une lettre ouverte, M. de Meo appelle les décideurs politiques européens à bien considérer que la position européenne en matière d’industrie automobile et des objectifs de décarbonation qu’elle lui fixe risquent de favoriser les continents américain et asiatique et donc de se montrer contre-productif.
« Notre industrie a longtemps eu un avantage concurrentiel sur toute la chaîne de valeur des véhicules à moteur à combustion interne. Ce ne sera plus le cas avec les véhicules électriques, du moins à court terme. Nos concurrents ont de nombreuses cartes en main que nous n’avons pas encore, notamment en amont de la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques à batterie. En plus de cela, le soutien qu’ils ont reçu des autorités nationales et locales a été massif, et continue d’augmenter en Chine et aux États-Unis »,
a indiqué M. de Meo auprès de la presse européenne. Et même d’avertir que la proposition Euro 7 sur les émissions polluantes, par exemple, impose des contraintes irréalistes à l’industrie et ralentirait même l’élan vers la décarbonation.
« Se conformer à Euro 7 entraînerait des augmentations de coûts qui pourraient dissuader les clients d’acheter ces nouvelles voitures », affirme-t-il. « Cela pourrait prolonger la durée de vie du parc automobile : les voitures plus anciennes, avec des émissions plus élevées, resteraient plus longtemps sur les routes. »
En février 2021, l’ACEA avait déjà averti que la politique européenne en matière de bornes de recharge n’était pas assez volontariste.
Réorienter les priorités
Pour autant, il ne s’agit pas de presser l’exécutif européen à revenir en arrière, mais plutôt à réorienter les priorités.
« Nous soutenons que nous pourrions obtenir un bien meilleur rapport coût-bénéfice si nous réorientons les énormes investissements qu’Euro 7 exigerait vers l’électrification, en rendant les véhicules électriques plus abordables, et en développant des technologies à émissions nulles pour améliorer le parc automobile »,
explique le Président de l’ACEA. L’Association estime par ailleurs que le plan industriel Green Deal – s’il est déployé avec succès – pourrait être une première étape pour aider à maintenir les investissements dans l’UE, tout en préservant le libre-échange à travers le monde.
Un marché toujours fragile
Enfin, l’ACEA a également annoncé ses prévisions pour les ventes de voitures neuves cette année.
« Malgré les nombreuses incertitudes à venir, le marché devrait commencer à s’engager dans un processus de reprise en 2023« , a expliqué la directrice générale de l’ACEA, Sigrid de Vries. « Nous prévoyons qu’environ 9,8 millions de voitures neuves seront vendues dans toute la région cette année, soit une hausse de 5 % par rapport à 2022. Cependant, cela reste 25% en dessous des niveaux d’avant la crise de 2019, ce qui montre que nous sommes toujours dans une situation fragile. »
Source : ACEA