Après plusieurs mois de discussion, le Parlement européen vient d’approuver une proposition de normes d’émission de CO2 qui prévoit que seuls les véhicules particuliers et utilitaires légers n’émettant pas de CO2 pourront être immatriculés à partir de 2035. Plus concrètement, ce texte sonne le glas des voitures à combustion qui ne devraient donc plus être immatriculées à partir de 2035. Celles-ci devront être remplacées par des voitures sans émissions et donc électriques ou équipées de piles à combustible ou à hydrogène.
Le paysage automobile européen doit ainsi changer en seulement 13 ans, et l’Europe sera le premier marché majeur à basculer devant la Chine et les États-Unis. Seuls la Norvège et Israël ont des échéances plus proches, avec 2025 pour le premier et 2030 pour le second.
20 % des émissions totales de gaz à effet de serreSelon les documents du Parlement européen, les émissions de gaz à effet de serre dues au transport routier représentent près de 20 % des émissions totales de gaz à effet de serre de l’UE et ont considérablement augmenté depuis 1990. Le transport routier est le seul secteur dont les émissions de gaz à effet de serre sont en hausse, explique le document. Le Parlement s’aligne ainsi en grande partie sur la Commission européenne avant les négociations avec le Conseil des ministres de l’UE, qui devraient débuter à l’automne.
Celle-ci avait présenté mi-juillet 2021 des normes d’émission de CO2 révisées pour les voitures particulières et les véhicules utilitaires légers, selon lesquelles leurs émissions de gaz à effet de serre devraient être réduites d’au moins 55 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990, et de 100 % d’ici 2035. Cette interdiction doit être maintenant discutée avec les États membres de l’UE.
Les constructeurs ont déjà pris les devantsBien que certains constructeurs automobiles de l’UE aient déjà annoncé leur intention de passer à une production sans émissions entre 2028 et 2035, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, souhaite fixer un cadre temporel afin de garantir une planification sûre et durable. Outre les avantages pour le climat, la Commission attend de l’interdiction des véhicules à combustion une meilleure qualité de l’air, des économies d’énergie, une baisse des coûts d’entretien des véhicules et davantage d’innovations dans le domaine des moteurs à zéro émission. Pour les eurodéputés, cette échéance a aussi pour but d’accélérer le développement de la voiture électrique et rendre l’achat et l’utilisation de véhicules à zéro émission moins chers pour les automobilistes. Cela est d’autant plus important à l’heure où les prix du diesel et de l’essence continuent de flamber !
Mais les constructeurs n’ont pas attendu le vote des eurodéputés pour se fixer des dates butoirs. Ainsi, les véhicules de la marque DS seront mus par des moteurs électriques à partir de 2024, Alpine, Lotus et Jaguar passeront au tout électrique dès 2025. Audi suivra en 2026, puis Lancia, Alfa Romeo et Opel en 2028. Citroën, Ford, MINI, Mercedes, Peugeot, Lexus et Fiat se sont laissés jusqu’en 2030… Les autres marques restent encore floues sur leurs ambitions.
Et concernant la recharge ?Avec un parc qui va forcément grossir, la demande en électricité, mais également en bornes de recharge va exploser. La recharge des véhicules devrait ainsi faire passer les besoins énergétiques de 1 terawatt-heure (chiffre 2020) à près de 16 TWh en 2030, soit une hausse annuelle moyenne de 32 %. Cela peut sembler conséquent, mais jusqu’en 2026, une économie d’électricité annuelle de 7 TWh sera obtenue grâce à la Loi Énergie-Climat. Et selon les spécialistes, l’impact réseau suite à l’augmentation de la demande énergétique pour recharger les véhicules électriques est estimée comme « gérable », à condition que le réseau évolue de façon globale.
Concernant les bornes de recharge, d’après le dernier baromètre d’Avere France, la France compte actuellement 58 000 bornes. Bien loin des 400 000 bornes annoncées par le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, en 2012… D’ailleurs, l’ONG International Council on Clean Transportation indique qu’il faudra près de 350 000 chargeurs publics pour que tout le monde puisse recharger sereinement sa voiture lors de longs trajets. Un déploiement conséquent, mais qui n’est pas insurmontable si tous les acteurs du secteur se coordonnent. D’ailleurs, un peu plus tôt dans la semaine, le Conseil européen des ministres des Transports a émis une proposition : déployer au moins une borne ultra rapide de 150 kW par station de charge publique « tous les 60 km », le long des principaux axes routiers internationaux d’ici 2025. Concernant les axes secondaires, l’échéance est fixée à 2030. Pour l’instant, il ne s’agit que d’une directive, mais si cette mesure acquiert le statut de règlement communautaire, la France et tous les autres pays membres devront s’y conformer.