La fin du moteur à combustion dans les voitures neuves à partir de 2035 a fait l’objet d’un débat animé dans toute l’Europe cet été. Il a donc fallu faire des consensus, mais les États membres de l’Union Européenne et le Parlement européen sont parvenus à un accord : à partir de 2035, seuls les véhicules climatiquement neutres seront autorisés à la vente de véhicules neufs. De fait, plus aucune voiture équipée d’un moteur à essence, diesel ou hybride ne pourra être immatriculée pour la première fois dans l’UE.
L’objectif de « 100 % de véhicules zéro émission » d’ici 2035 est désormais « définitivement confirmé », a certes déclaré le député français Pascal Canfin, qui préside la commission de l’environnement du Parlement européen.
Mais cela ne signifie pas pour autant la fin du moteur à combustion interne. D’ailleurs, la décision doit être réexaminée en 2026. En outre, l’accord contient quelques compromis. Ainsi, la Commission européenne doit notamment vérifier si l’utilisation de ce que l’on appelle les e-fuels et les biocarburants pour les voitures pourraient être envisagés à l’avenir.
Les e-fuels sont des carburants synthétiques, généralement obtenus à partir d’eau et de dioxyde de carbone. Ils présentent des propriétés similaires à celles de l’essence et du diesel, et constituent ainsi une sorte de porte dérobée pour les véhicules à combustion. Les négociateurs ne sont apparemment pas d’accord sur ce point. Ainsi, le député européen allemand, Jan-Christoph Oetjen a indiqué : « La Commission européenne doit permettre au moteur à combustion de continuer à fonctionner avec des carburants alternatifs même après 2035« , tandis que les eurodéputés verts et autres organisations interprètent ce texte différemment. Du côté des verts, on parle du maintien de l’objectif de n’autoriser que les voitures à zéro émission jusqu’à ce que le marché soit entièrement électrique et de son côté, Greenpeace part du principe qu’à l’avenir, les e-fuels ne pourront être utilisés que dans des véhicules d’urgences (pompiers ou ambulances). Théoriquement, un tel compromis pourrait être annulé si des gouvernements ou des groupes politiques s’y opposent.
Le deuxième compromis concerne « une réduction des émissions moyennes des voitures neuves de 55 % à partir de 2030 et de 100 % à partir de 2035 par rapport aux niveaux de 2021 ». Pour y arriver, l’Europe a amendé le règlement des baisses d’émissions de CO2. L’Europe avait déjà imposé dès 2020 une émission moyenne de 95 grammes de CO2 par kilomètre pour les constructeurs. Ces émissions moyennes devaient être abaissées de 15% en 2025 et de 37,5% en 2030. Ce sera donc 55% en 2030 (« Fit for 55 »).
En outre, une dérogation est accordée aux constructeurs « de niche » ou ceux produisant moins de 10 000 véhicules par an, leur permettant d’être équipés d’un moteur thermique jusqu’en 2036. Cette clause, dite parfois « amendement Ferrari », profitera notamment aux marques de luxe. Le ministre tchèque de l’Industrie, Jozef Sikela, dont le pays exerce la présidence semestrielle du Conseil de l’UE, s’est félicité de ce vote. « Cet accord ouvre la voie à une industrie automobile moderne et compétitive dans l’UE ».
Plus généralement, pour aider les constructeurs automobiles dans cette transition, les négociateurs se sont mis d’accord pour « lancer un processus pour avoir en 2025, après évaluation précise des besoins financiers, un Fond de transition dédié aux salariés de la filière », a aussi indiqué Pascal Canfin.
Enfin, suite aux inquiétudes des constructeurs face à la septicité des consommateurs face à la voiture électrique et aux nouvelles inquiétudes qui lui sont liées (coût de l’énergie, autonomie et temps de charge), la Commission préconise de fortement développer les bornes de recharge, pour qu’elles soient installées « tous les 60 kilomètres ».
Une première réponse qui reste toutefois encore légère. À ce titre, Carlos Tavares, directeur général du groupe Stellantis, a souligné que le coût élevé des véhicules électriques ne pouvait pas participer à l’essor de cette motorisation. « Je ne vois pas aujourd’hui la classe moyenne capable d’acheter des voitures électriques à 30 000 euros », a-t-il déclaré à la presse, lors d’une visite d’une usine de véhicules utilitaires à Hordain (nord de la France). Les dés sont jetés, mais tout n’est pas encore joué…