On pense souvent qu’il suffit d’embrasser une technologie moins polluante pour forcément polluer moins. Pas si simple ! En matière d’automobile, par exemple, rouler en hybride ne garantit pas de moins consommer si l’on le pied droit trop lourd. Quant à l’électrique, optimiser sa consommation d’électricité, c’est évidemment avoir besoin de recharger moins souvent et alléger sa facture. Alors pour apprendre les bons gestes au volant, le constructeur japonais Toyota a choisi de prendre les choses en main en faisant retourner ses conducteurs à l’école… de bonne conduite.
Rendez-vous au circuit
Le rendez-vous nous est donné sur le circuit Beltoise, à Trappes (78). Sur celui-ci comme sur d’autres partout en France, Toyota dépêche ses formateurs et des élèves un peu spéciaux puisqu’il s’agit de ses propres clients, acheteurs de Toyota. Que vous soyez particulier ou professionnel, la formation est incluse dans le prix de votre voiture hybride rechargeable ou électrique et peut être proposée en option (240 euros) sur les modèles qui ne l’intègrent pas d’office. Au programme : conduire de manière plus sûre et aussi plus économique. En jeu, allégement des factures d’énergie, bien sûr, mais pas que. « Une bonne écoconduite permet aussi de moins solliciter ses plaquettes de freins et use moins les pneus », nous confie un formateur.
Formation en deux temps
Le stage d’écoconduite comprend une partie théorique (20 % du temps) durant laquelle sont rappelés les enjeux et une partie pratique (80 % du temps) qui se divise en deux ateliers principaux : sécurité et éco-conduite. « Dans tous les cas, l’apprenant est seul avec son formateur, ce qui lui permet de ne pas se sentir observé et libère sa parole », nous explique le formateur. Pour la partie sécurité, direction la piste du circuit.
Freinage…
Dans un premier temps, on se concentrera sur le freinage. Temps de réaction, distance de freinage, évitement : l’atelier met en évidence les failles habituelles de chacun et les moyens simples de les combler. Anticiper un besoin de freiner en déplaçant son pied droit au-dessus de la pédale de frein, c’est une demi-seconde gagnée sur le temps de réaction. À 50 km/h, c’est le temps qu’il faut pour parcourir 13 mètres, soit plus de deux longueurs de voiture.
…et adhérence
Viendra ensuite un atelier sur le thème de l’adhérence, avec une auto équipée de roues motrices à très faible adhérence afin de simuler la présence de neige ou de verglas. L’idée ici est de donner les bons réflexes aux conducteurs et à éviter une manœuvre instinctive qui ne ferait qu’empirer les choses.
Analyse télémétrique
Puis vient la partie éco-conduite qui, elle, se tient en conditions de circulation réelle. La voiture est reliée à un ordinateur qui récupère, agrège et analyse toutes les données de conduite : accélération, décélération, freinage, vitesse… Le conducteur est invité à suivre un parcours déterminé une première fois, durant laquelle le formateur ne fera aucun commentaire sur la conduite. À l’issue de ce parcours, une première analyse des données télémétriques est réalisée et les points d’amélioration sont mis en évidence et expliqués.
Vient alors le temps de refaire le parcours en tenant compte de tous les points évoqués au premier debrief. Une fois le trajet achevé, le formateur et l’apprenant confrontent alors les données des deux sessions. Bien que notre formation se soit déroulée en version condensée, les résultats obtenus se sont montrés très concrets puisque là où nous pensions conduire de manière plutôt économique, l’application des conseils nous a permis d’économiser 1,6 litres/100 km et de freiner quasiment trois fois moins pour une vitesse moyenne diminuée de seulement 1 km/h. Sur cette base et si nous roulions 40 000 km/an, cela correspondrait à près de 650 euros d’économie sur le seul poste carburant.
Contrairement à l’idée reçue, on ne perd pas forcément de temps, ou très marginalement, si l’on éco-conduit. Il ne s’agit pas de se traîner, mais d’optimiser ses phases d’accélération. Contre-intuitivement, par exemple, il est préférable d’accélérer franchement jusqu’à atteindre la bonne vitesse d’évolution plutôt que d’accélérer plus doucement mais plus longtemps, pour ensuite laisser le moteur électrique entretenir l’allure, sans solliciter le moteur thermique. Pour une voiture 100 % électrique, on pourra alors aussi profiter de la roue-libre, si elle en est dotée. In fine, le stagiaire reçoit un rapport de conduite complet de ses deux sessions dans lequel chaque point est analysé.
28 % d’économie en moyenne
Statistiquement, sur les 70 000 formations dispensées depuis 2018 (il y en a eu 15 000 l’an dernier), « les apprenants réalisent 28 % d’économie d’énergie et la part d’accidents responsables baisse de 50 % », affirme David Raffin, directeur général d’Actua Formation qui dispense les formations de la Toyota Experience. Des chiffres qui permettent rapidement de relativiser le tarif (240 €) auquel est valorisé la formation. Car 28 %, ça veut dire qu’un plein d’essence sur 4 peut être économisé, c’est donc plutôt facile à rentabiliser !
Photos : © Toyota