L’Eeyo 1S n’est pas un produit design destiné à arpenter les stands des salons internationaux. Il roule et plutôt bien !
Bella macchina
En effet, le distributeur français de la marque nous a confié un des premiers exemplaires disponibles en France pour un test de quelques jours. Comment ne pas être sous le charme dès le premier contact ? Son cadre blanc en carbone monobloc offre un niveau de finition exceptionnel et surtout des lignes tout simplement superbes. L’absence de tube de selle vient épurer encore le design, le rendre aérien… C’est très réussi. Pour réduire le poids du vélo, les ingénieurs de la marque ont aussi adopté le carbone pour les roues de 27,5 pouces, le guidon et la tige de selle. Cela apporte une évidente touche de classe en plus de gagner quelques centaines de grammes. De plus, ce matériau apporte une grande rigidité propice au rendement. Contrairement à un VanMoof ou un Cowboy, l’Eeyo 1S est proposé en 5 tailles afin que chacun trouve chaussure à son pied. Ce choix n’est pas étonnant, car avec son design particulier il n’est pas possible de régler la hauteur de selle sur plus d’une dizaine de millimètres.
Comme le montrent les photos, l’électrification du vélo est d’une discrétion rare avec en prime des câbles passant essentiellement dans le cadre. Elle se concentre au niveau du moyeu de la roue arrière autour du concept Smartwheel développé originellement par Gogoro pour ses scooters. Il s’agit d’un bloc en aluminium qui réunit le moteur (250 W et 20 Nm de couple), la batterie d’une capacité de 123 Wh et les capteurs destinés à réguler l’assistance électrique. On y trouve aussi la puce Bluetooth pour l’application smartphone qui remplace une console de commandes au guidon. Sur le papier les chiffres peuvent effrayer avec un couple 3 fois inférieur à la plupart et c’est la même chose pour la batterie.
Un VAE plaisir
En pratique cela donne quoi ? Nous voilà partis dans les rues parisiennes. D’emblée nous nous sentons bien sur ce vélo. Sa position est sportive, mais pas non plus extrême. Les premiers kilomètres effectués en mode sport, le mode d’assistance se change uniquement depuis l’app, nous mettent en confiance et nous avons vraiment l’impression d’avoir un plus gros moteur. Peut-être aussi puissance qu’un Bosch Performance CX, mais disons que cela avance assez fort pour prendre plaisir. Il faut dire que le rendement du cadre et le poids plume du vélo aident beaucoup. La géométrie est aussi aboutie avec un bel équilibre entre stabilité et maniabilité. Les détails sont soignés comme en attestent la transmission par courroie en carbone kevlar aussi solide que silencieuse ou encore les petites pédales métalliques très accrocheuses. Très vite nous franchissons la barre des 25 km/h. Si l’assistance se coupe, le vélo avance toujours sans friction. Le freinage est correct. Le disque avant à câble est progressif et plutôt puissant. Les classiques freins sur jante utilisés à l’arrière se sont en revanche révélé bruyants et leur toucher plus difficile à cerner : si l’on a l’impression en début de course de ne pas freiner, le blocage survient ensuite. Le dosage est plus délicat, mais de véritablement rédhibitoire avec un peu de pratique.
L’Eeyo 1S se veut épuré et sportif. Ses concepteurs ont donc décidé de ne pas lui offrir le pack d’accessoires classiques de vélos à vocation urbaine. Il s’agit bien entendu des garde-boue, d’un porte-bagages et de l’éclairage ainsi éventuellement qu’une béquille. Concernant l’éclairage, un petit système sur piles est fourni. Il faudra le monter soi-même à la réception du vélo, sur le guidon pour le phare et sur la mini tige de selle pour le feu arrière. Une opération qui ne prend que deux minutes. Bien entendu, pour aller de pair avec le design du vélo, nous aurions apprécié un système intégré… La fourche en carbone dispose de pas de vis pour éventuellement y glisser un garde-boue, mais rien n’est prévu pour l’arrière. C’est un parti pris assumé, à vous de juger en fonction de vos besoins.
Une autonomie correcte
L’application semble plutôt basique surtout si l’on conserve en tête celle qui accompagne les VanMoof. Pourquoi pas après tout, mais la présence d’une indication de l’autonomie restante nous semble malgré tout indispensable. Au lieu de cela, nous n’avons face à nous que le pourcentage de charge de la batterie. Transition toute trouvée pour évoquer l’autonomie. Un point au sujet duquel nous étions très curieux au regard de la très faible capacité de la batterie. Contre toute attendre, cette dernière est étonnamment élevée avec une quarantaine de kilomètres en mode Sport. Un kilométrage raisonnable pour une utilisation citadine.
Faut-il craquer ?
Vendu autour des 4 600 €, le Gogoro Eeyo 1S est un charmeur qui n’oublie pas l’aspect technique et fonctionnel cependant. En effet, derrière sa plastique superbe, la marque a conçu une assistance électrique aboutie, dénuée d’à-coups et plutôt silencieuse. Une belle réussite même si le tarif peut sembler évoluer pour un vélo issu d’une marque inconnue avec les incertitudes qui vont avec en matière de SAV notamment. Mais objectivement au regard de la technicité de son cadre et de son électronique ce tarif ne semble pas aberrant.