Software République : une alliance pour la souveraineté française ?

Ces dernières années, le monde de l’automobile se trouve chamboulé et son avenir est remis en cause de toutes parts tandis que les forces changent de continent. Entre les futures normes, les volontés politiques de modifier la mobilité et les constructeurs chinois plus innovants que jamais, il fallait, pour les constructeurs historiques, réagir sans tarder. Tandis que Volkswagen investit considérablement dans l’électrique, le Groupe Renault veut voir plus loin en créant la Software République.

Cette nouvelle entité se compose d’abord des 5 membres fondateurs que sont Groupe Renault, STMicroelectronics, Thales, Atos et Dassault Systèmes. Chacun des partenaires représentant une « compétence » dans le développement des innovations technologiques et logicielles pour la mobilité de demain dans son ensemble alors que leur combinaison permettra une mise en œuvre et une commercialisation plus rapide de ces avancés.

Que cela nous plaise ou non, l’automobile est en pleine mutation et l’objet « voiture », synonyme de liberté, doit prendre place dans une époque plus soucieuse de son environnement tout en essayant de préserver sa place industrielle, ses emplois et ses revenus. Dès lors, plutôt que de subir ce changement dans son coin, le nouveau patron de Renault, Luca de Meo, souhaite l’accompagner ou, mieux encore, le guider. « Le véhicule n’est plus le point central de la chaîne de valeur automobile car de plus en plus, les logiciels, l’électronique et l’intelligence embarquée conditionnent à la fois la valeur et l’usage du véhicule pour de nouveaux besoins et services de mobilité. Nous voulons travailler en collaboration avec des partenaires de la Software République pour nous positionner comme un pionnier dans cette nouvelle chaîne de valeur de la mobilité. »

Beaucoup reste à faire, notamment pour la mobilité électrique, pour simplifier l’expérience utilisateur. Par exemple pour le déploiement de bornes de recharge mais également pour que celles-ci soient bien plus simples d’usage. Avec le Plug and Charge, les bornes reconnaitront automatiquement la voiture qui vient d’être branchée et la chargeront sans autre manipulation du conducteur, la facturation se faisant automatiquement. De manière plus globale, les partenaires souhaitent simplifier l’accès et les échanges d’informations de mobilité de manière immédiate et ouverte afin de permettre au consommateur de toujours sélectionner le meilleur schéma de mobilité en fonction du temps, du confort ou de son besoin.

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Tout pour l’avenir

Renault va dédier 100 000 m² de son Technocentre à la Software République, pour y accueillir ses partenaires mais pas seulement. « Là les logiciels et d’autres innovations de rupture seront développés et testés. Nous allons offrir une proximité avec nos infrastructures d’ingénierie, avec nos compétences techniques, et nous allons aussi inclure notre Renault Software Factory dans ce laboratoire où nous allons localiser 1000 ingénieurs et Data Scientists » déclare Luca de Meo.

Si le terme de Software – Logiciel en français – semble assez clair sur l’orientation, il demeure vague tant le champ des possibles est important. Ici, les milliers d’ingénieurs travailleront sur les 3 grands domaines que sont les systèmes véhicules, les systèmes pour la mobilité et les écosystèmes d’énergie. Pour ce faire, rien n’est oublié puisqu’ils s’appuieront sur l’intelligence artificielle, la cybersécurité, l’électronique spécialisée, le big data et la simulation numérique.

L’idée étant bel et bien de prendre en compte l’écosystème de la mobilité dans son ensemble et non l’objet voiture seul. De la conduite autonome aux Smart Grid – les réseaux d’électricité « intelligents » – tout devra être pris en compte. Ainsi, l’automobile 4.0 comme l’imagine De Meo s’intégrera dans le monde de demain et s’immiscera, comme celui-ci, dans nos vies via l’intelligence artificielle comme l’indique le PDG de la Régie : « Nos véhicules vont s’améliorer chaque jour au fur et à mesure que vous les conduisez. A l’avenir, nos voitures vont adapter leurs fonctionnalités de manière proactive pour répondre aux besoins des conducteurs ».

Pour atteindre cet objectif, Renault va également travailler avec un spécialiste du genre, capable de nous faciliter considérablement la vie tout en s’insinuant beaucoup trop dedans : Google. Les 2 entreprises proposeront ainsi Mylink, le futur système d’infodivertissement du constructeur français qui arrivera en 2022 sur Mégane E. « Nous serons le premier constructeur à apporter les services de Google sur un marché de masse. Notamment, avec Google Maps, la navigation sera personnalisée selon les destinations fréquentes des utilisateurs, y compris des fonctionnalités améliorées pour les véhicules électriques. »

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Un partenariat fort

C’est ce qui sous-tend du mot République, désignant le mode de fonctionnement du partenariat et de sa démarche d’ouverture (open innovation) afin de développer de nouvelles solutions et de nouveaux services conjointement avec divers partenaires tels que des grandes entreprises, les pouvoirs publics, des universités, des centres de recherche, ou encore des start-ups. Ces dernières trouveront d’ailleurs largement leur place puisqu’un incubateur prendra place au sein même de la Software République afin de développer celles qui seront les plus innovantes sur les technologies liées à la mobilité grâce à un fond d’investissement spécialement dédié. Tandis que les 5 membres fondateurs définiront la stratégie et prioriseront les solutions technologiques à développer, des coopérations spécifiques se feront dans l’optique de faire émerger des équipementiers technologiques pour la mobilité.

Si l’annonce de la Software République est passée quasiment inaperçue, elle revêt pourtant un enjeu capital dans la souveraineté de la France, mais également de l’Europe, dans le futur de la mobilité. Il s’agit ici de dépendre le moins possible des deux puissances que sont les USA et la Chine qui sont désormais les deux mastodontes technologiques.

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