Mini se met au courant
Marque urbaine par excellence, Mini aura bien tardé à se lancer dans l’électrification. Si l’on excepte l’éphémère Mini E, produite à quelques centaines d’exemplaires en 2009 aux fins d’expérimentation, ce Countryman Cooper SE est en effet le tout premier modèle de la marque à recevoir une propulsion électrique. En l’occurrence, il ne s’agit pas d’une auto 100 % électrique, mais d’une hybride rechargeable. Elle combine ainsi le 3-cylindres 1.5 turbo des Countryman Cooper (136 ch) à un moteur synchrone de 88 ch alimenté par une batterie lithium-ion d’une capacité de 7,6 kWh. L’ensemble développe une puissance cumulée de 224 ch, tandis que le couple culmine à 385 Nm. Il procure également quatre roues motrices, le moteur électrique étant installé sur l’essieu arrière, d’où les monogrammes « All4 » sur les flancs de ce Countryman hybride. Les batteries sont quant à elles situées sous la banquette arrière. Une architecture strictement identique à celle de la BMW 225xe Active Tourer, avec laquelle cette Mini partage sa plate-forme.
Menus compromis
Esthétiquement, bien peu de choses distinguent ce Countryman hybride des modèles classiques. Elle reprend ainsi le look des Cooper S normales, mais se distingue par quelques touches de jaune (le S sur la calandre, le monogramme à l’arrière, les logos « E » sur les ailes…). La prise électrique se trouve à l’avant gauche, et la recharge complète des batteries réclamera entre 2 heures 30 (sur une Wallbox 3,7 kW) et 3 heures 15 (sur une prise domestique classique). Dans l’habitacle, seuls le bouton start/stop jaune, les baguettes de seuils de portières spécifiques et l’instrumentation modifiée (le compte-tours a disparu au profit de l’indicateur de charge moteur) viennent rappeler que l’on est au volant d’une Mini hybride. À l’usage, on remarquera cependant de menus compromis. Présence des batteries sous la banquette oblige, celle-ci n’est plus coulissante. Quant au coffre, il perd 45 dm³ du fait de la greffe du moteur électrique à l’arrière. Sa capacité de 405 dm³ reste cependant correcte pour la catégorie.
Hybride à la carte
Le système hybride propose trois modes de fonctionnement. Dans le mode « Auto eDrive » activé par défaut, l’électronique pilote les deux moteurs au mieux, en donnant la priorité à l’électrique sous les 80 km/h. En mode « Max eDrive », on conduit en 100 % électrique, avec la possibilité de redémarrer le bloc thermique en cas de kick-down (pour un dépassement, par exemple). Enfin, le mode « Save Battery » recharge la batterie en roulant jusqu’à 90 % (ou préserve sa charge) en vue d’une utilisation électrique ultérieure. Mini promet jusqu’à 42 km d’autonomie en électrique pur. Pour notre part, sur un trajet varié et vallonné, nous avons plutôt relevé 30 km, ce qui devrait se traduire par environ 35 km en milieu urbain. Un score dans la moyenne des hybrides rechargeables. Une fois la batterie vide, la consommation d’essence s’établit à 7,8 l/100 km environ. Pas folichon, et pour cause : avec ses batteries, son moteur électrique et sa boîte automatique à 6 rapports, le Countryman Cooper SE pèse lourd : 1 660 kg à vide !
Dédoublement de personnalité
À l’usage, l’agrément est cependant au rendez-vous. L’ensemble hybride est plutôt bien piloté, et saura même exploiter les données du GPS afin d’anticiper le relief du parcours, de façon à optimiser les cycles de décharge et régénération d’énergie. Le moteur thermique ne se fait entendre que lors des accélérations les plus fortes. Côté performances, les 224 ch affichés sont relativement théoriques : ils supposent que la batterie est suffisamment chargée, et que la vitesse n’est pas trop élevée. Dans le cas contraire, c’est le 3-cylindres de 136 ch qui fait l’essentiel du boulot. Du coup, le 0 à 100 km/h annoncé en 6,8 s apparaît un brin optimiste. D’un autre côté, en bon hybride, le Countryman Cooper SE incite à une conduite coulée et apaisée. Reste qu’il conserve le châssis façon karting typique des Mini, avec une direction très directe et des suspensions franchement fermes. Zen d’un côté, excité de l’autre, le Countryman Cooper SE est un peu schizophrène…