Il y a des constructeurs qu’on imaginait assez mal avec des voitures électriques à leur catalogue et Lotus était l’un d’entre eux. Car même si l’on se souvient que la première Tesla Roadster était dérivée d’une Lotus, l’Eletre joue un autre registre : celui des SUV sportifs. Et alors ? Alors sportif, sans aucun doute. Mais pour l’esprit Lotus, on repassera.
Avec Walid Bouarab
La transition vers l’électrique représente un défi de taille pour un constructeur, surtout lorsque celui-ci s’appelle Lotus et qu’il est (re)connu pour ses petites sportives légères et épurées. Lotus se lance désormais dans un univers totalement éloigné de ses valeurs traditionnelles, grâce aux investissements de son nouveau propriétaire, Geely (Volvo, Lynk & Co, Zeekr, Smart, Polestar…). Après son premier SUV, Lotus a annoncé la récente sortie d’une berline Emeya, d’un autre SUV plus compact, et d’une petite sportive. Sans oublier la spectaculaire Evija de 2000 ch, qui sera bientôt livrée à ses premiers clients.
Mais revenons à notre sujet du jour : l’Eletre. Il s’agit d’un grand SUV de 5,10 mètres de long, au design rappelant celui d’un coupé, qui promet de conserver l’essence (oui, ok…) chère à la marque dans sa conduite. Les caractéristiques techniques sont à la hauteur de cette ambition, avec une version S de 603 ch et une version R de 905 ch. La variante la plus puissante est capable d’atteindre les 100 km/h en moins de 3 secondes, avec une vitesse de pointe « limitée » à 265 km/h. L’Eletre repose sur une plateforme EPA inédite, sans relation avec Polestar selon les informations fournies, et est alimenté par une batterie de 109 kWh utiles. La recharge est rapide grâce au système 800V, permettant d’atteindre 80% de charge en seulement 20 minutes. En ce qui concerne l’autonomie, la version S annonce 450 km. Bref une proposition attrayante et qui laisse entrevoir une approche radicalement différente pour Lotus.
La critique est facile, mais…
Cependant, ne soyons pas trop critiques. Un poids d’environ 2,6 tonnes est énorme, et il est clair que l’Eletre ne peut pas rivaliser avec la légèreté d’une Élise. Néanmoins, la direction est bien calibrée, précise, et le châssis équilibré assure une efficacité notable tout en maintenant les mouvements de caisse sous contrôle. Mais il faut rappeler que l’Eletre demeure haut et lourd. Les lois de la physique sont inévitables, mais il est surprenant de constater que les ingénieurs de Lotus ont délibérément fait des choix qui vont à l’encontre de ce que l’on attend traditionnellement de la marque. À titre d’exemple, l’Eletre est équipé d’une suspension pneumatique offrant un excellent niveau de confort, se rapprochant de ce que peut offrir une Mercedes EQS SUV, ce qui est une référence appréciable. En mode sport, la suspension se raffermit selon les besoins, mais elle conserve toujours un niveau de filtration exceptionnel. De plus, le châssis sport en option permet d’accéder aux barres anti-roulis actives (48V) et aux roues arrière directrices. Cependant, ces améliorations techniques ne transforment pas fondamentalement le caractère du véhicule. Selon les ingénieurs eux-mêmes, l’accent a été mis sur le plaisir de conduite et la progressivité.
Le même principe s’applique aux performances. Avec la version R de 905 ch, l’Eletre promet de surpasser presque tous les autres véhicules sur la route. Les chiffres de performance le confirment, avec un 0 à 100 km/h réalisé en 2,9 secondes. Cependant, contrairement à une Tesla Model X Plaid ou même une Porsche Taycan Turbo S, l’Eletre R ne propulse pas la tête sur l’appuie-tête lorsque vous appuyez sur l’accélérateur. La puissance est délivrée d’abord progressivement, avant un déchaînement de poussée franche. Encore une fois, il s’agit d’un choix délibéré de la part des concepteurs.
Du vrai luxe
L’Eletre est-il une mauvaise voiture en raison de ces partis-pris ? Absolument pas. Bien au contraire, il s’impose comme l’un des plus recommandables grands SUV électriques de luxe. Il présente un punch du tonnerre, un équilibre dynamique constant et un confort toujours au rendez-vous. De plus, il est à la pointe en matière de recharge, rejoignant ainsi le cercle encore restreint des véhicules zéro émission fonctionnant sur une plateforme 800V, ce qui lui permet d’accepter des puissances de recharge allant jusqu’à 350 kW. Bien que nous n’ayons pas pu réaliser de relevé de consommation pertinent sur cette première prise en mains, cela devrait au moins réduire les temps d’arrêt aux bornes de recharge.
En outre, l’Eletre surprend avec son niveau de luxe inattendu. En effet, il rivalise clairement avec des marques telles qu’Aston Martin, tout en étant vendu au prix d’une BMW. Lotus a accompli un travail considérable pour doter ses nouveaux modèles d’un intérieur digne du standing qu’ils revendiquent : cuir pleine fleur s’étendant jusqu’au seuil de la porte, Alcantara de grande qualité, inserts en métal (gris ou doré) solides, assemblage impeccable, et finitions subtiles. L’habitacle combine habilement une esthétique moderne (écran central OLED de 15,1 pouces abritant un système inédit, réactif et intuitif) avec une certaine tradition.
Même à l’arrière, l’Eletre offre un espace généreux et un confort de première classe. Lotus propose également la possibilité d’un agencement à quatre places avec deux sièges individuels en remplacement de la banquette arrière. De plus, le système audio haut de gamme Dolby Atmos signé Kef Audio offre une expérience sonore spectaculaire. En somme, certaines marques de luxe traditionnelles pourraient prendre exemple sur lui.
Cependant, pour les aficionados de Lotus, l’Eletre peut décevoir, à moins d’être prêt à suivre la même transition que leur marque préférée. En revanche, pour les clients aisés en quête d’un véhicule distinctif, valorisant, alliant performances, confort, luxe, praticité et polyvalence, l’Eletre se positionne en tant que choix de premier ordre. Surtout lorsqu’on considère son prix compétitif. La version S, déjà bien équipée, est proposée à partir de 123 090 €, soit 44 660 € de moins qu’une Mercedes EQS 580 4Matic, qui débute à 167 750 € avec un équipement nettement moins généreux et des performances moins explosives.
Bilan
Le Lotus Eletre se distingue par son véritable luxe, son espace généreux, son confort, ses performances exceptionnelles et sa maîtrise sur la route, le tout à un prix nettement plus accessible. Cependant, pour les puristes de l’ADN Lotus, il ne correspondra pas à leurs attentes.
On aime
- Performance et dynamisme
- confort et luxe
- recharge ultra-rapide
Points faibles
- Gabarit hors-normes
- conduite sans saveur
- gènes Lotus inexistants
Un commentaire
Bonjour à tous les passionnés de Lotus .
C’est dommage que l’esprit de Colins Chapman aille disparu ( light is right)
mais ainsi va le temps !!!
Maintenant il faut déplacer des kilos de batteries et les nouvelles Lotus sont belles mais aussi lourdes comme des petits camions
alors ont a énormément de puissance…. pour faire quoi ? On ne peut plus rouler à vitesses annoncées par tous les constructeurs, et les démarrages ( brûleur de pneus) ? je ne comprends pas ……enfin c’est la nouvelle page de l’automobile, mais moi je préfère l’ancienne.
Mes meilleures salutations