Un nécessaire de survie
Les légendes ne meurent jamais. Mais même l’icône qu’est le Jeep Wrangler doit se battre pour continuer à exister. Éviter les coups de boutoir des normes environnementales ne peut se faire sans y laisser des plumes. Assommé par un malus dévastateur de 30 000 € sur notre marché (près de la moitié du prix…), le colosse américain ne doit son salut qu’à l’arrivée de cette version hybride rechargeable 4Xe. Et c’est d’ailleurs en solitaire que cette déclinaison, déjouant les pièges tendus par les émissions de CO2, avancera désormais sur le champ de bataille européen.
Exit les moteurs essence ou diesel, tout comme l’adorable variante à châssis court, incapable d’embarquer les providentielles batteries nécessaires à sa survie. En somme, ce 4Xe est un Wrangler motorisé par un bloc essence 2.0 développant 272 ch. En renfort, le moteur électrique intégré à la transmission automatique porte la puissance totale à 380 ch (640 Nm de couple). Sa batterie de 17,3 kWh permet une autonomie électrique théorique d’environ 45 km. Elle n’accepte qu’une recharge de 7,4 kWh, réclamant ainsi environ 2h30 pour faire le plein de jus.
Batteries pleines et sur un terrain accidenté, jonché d’ornières et boueux à souhait, il nous tarde de découvrir une expérience de conduite inédite. Les plug-in hybrid nous ont déjà familiarisés avec la conduite silencieuse et relaxante sur l’asphalte. Mais il s’agit là du premier baroudeur, franchement capable de s’aventurer à peu près partout, à s’équiper d’une telle technologie (en attendant l’arrivée prochaine du Land Rover Defender PHEV). En mode 100 % électrique, nous évoluons en douceur, et presque sans le moindre bruit, sur ce territoire qui s’apparente davantage à un terrain de jeu pour le Wrangler. Celui qui n’a rien perdu de ses capacités de franchissement évolue toujours avec une facilité déconcertante, et même un certain niveau de confort. Pentes abruptes, tranchées étroites, marres de boue, relief inégal… peu de choses lui résistent.
L’américain croise ses ponts, plonge dans des gués toujours aussi profonds et tire avantageusement parti de ses pneus crampon à la motricité parfaite. Le tout dans un silence remarquable, même si un besoin de puissance réveillera forcément, dans une certaine douceur, son moteur thermique. Seul bémol, l’accélérateur sensible, et l’arrivée soudaine du couple en tout électrique, n’offrant pas le « doigté » nécessaire pour ce genre d’exercice. A noter que notre version d’essai était une finition Rubicon, affûtée pour l’utilisation en tout terrain (base stabilisatrice à désengagement à l’avant, blocage de différentiel avant et arrière, caméra avant, transmission intégrale optimisée).
Pour le reste, ce Wrangler conserve tous ses charmants défauts. Un habitacle enfin moderne mais finalement toujours aussi exigu, une isolation phonique légère due aux panneaux de carrosserie démontables, et un comportement routier moins efficace que celui d’un Defender. Bien qu’ayant largement progressé sur ce point, il n’en reste pas moins un baroudeur pur souche, moins adroit sur l’asphalte. Alourdi par ses batteries, il dispose néanmoins de ressources suffisantes pour fournir des performances solides. Gare toutefois au poids conséquent (2400 kg), et à la direction manquant de consistance, peu rassurante en manœuvre d’urgence. Lors de notre essai, son autonomie en 100% électrique n’a pas excédé les 35 km. Quant aux consommations, largement impactées par le niveau de charge de la batterie, elles peuvent varier du simple au double.
S’il souffle le chaud et le froid, le Jeep Wrangler 4Xe n’en devient pas moins une sacrée affaire. Si l’arrivée de cette hybridation rehausse les tarifs d’environ 10 000 €, elle permet surtout d’éviter le malus de 30 000 € subi par les précédentes versions. Le calcul est vite effectué ! Comptez 68 200 € pour l’entrée de gamme Sahara, 69 700 € pour la déclinaison baroudeuse Rubicon, et 71 450 € pour le haut du panier Overland, à l’esprit plus cossu.