Pétard mouillé
Alors qu’il règne presque sans partage sur le marché de l’hybride, le géant Toyota n’est pas présent sur celui, désormais incontournable notamment en Europe et en Chine, de la voiture électrique. En fait, il serait plus juste d’utiliser le passé car, il y a quelques mois, le numéro 1 mondial présentait une vingtaine de concept-cars du genre, tous destinés à passer à la série d’ici à 2030. La première concrétisation en série de cette volonté porte le très romantique nom de bZ4X. Un SUV qui partage presque tout, y compris une large partie de sa carrosserie, avec le Subaru Solterra qui arrivera sur notre marché d’ici à la fin de l’année.
Mais pourquoi bZ4X ? Les deux premiers caractères, abréviation de « beyond zero », désigneront tous les membres de cette famille zéro émission. Le 4 indique sa position dans la gamme tandis que le X signale qu’il s’agit d’un crossover. En résumé, voilà un nouveau rival pour les Tesla Model Y et Volkswagen ID.4. Pour bien se faire remarquer, le bZ4X a opté pour un design très typé qui confirme que le temps des Toyota consensuelles est bien révolu. La même révolution esthétique a lieu à bord, avec une planche de bord évoquant le cockpit d’un avion. Cette sensation sera amplifiée dans les prochaines semaines avec l’arrivée du One Grip Motion. Cet étonnant volant, qui permettra de ne plus avoir à déplacer ses mains, même lors des manœuvres les plus poussées, semble immanquablement avoir été copié sur le Yoke de Tesla. Pour le moment, toutefois, les bZ4X remis à leurs propriétaires disposent d’un cercle des plus classiques.
Comme la plupart des voitures électriques, ce Toyota profite de la compacité de sa mécanique et de l’implantation de la batterie de traction sous le plancher pour étendre au maximum son habitacle. A l’avant, comme à l’arrière, la place ne manque donc pas. Les bagages font toutefois les frais de cette volonté expansionniste, avec seulement 452 l de malle. Pour un SUV toisant 4,69 m, on était en droit d’attendre 100 à 150 l de plus. Autre exigence non satisfaite, celui d’une qualité de fabrication digne du tarif affiché, à savoir 51 000 € pour cette finition de milieu de gamme. Au prétexte d’avoir recours à de nombreux matériaux recyclés, le bZ4X s’habille de plastiques durs et d’inserts laqués noir qui ne manquent pas de vous signaler chaque centimètre carré où vous avez pu poser vos doigts. Le combiné d’instrumentations digital, placé, comme chez Peugeot, dans le champ de vision du conducteur, et le nouveau système multimédia, enfin digne de la concurrence, sont toutefois à mettre au crédit des bonnes nouvelles.
Pour le lancement, Toyota propose seulement deux motorisations. En traction, le bZ4X développe 204 ch tandis que la version 4×4 en affiche 218. Dans les deux cas, la capacité de la batterie est fixée à 71,4 kWh, ce qui permet, selon le constructeur, une autonomie de 450 km. Pour cette première rencontre, nous disposions de la version la moins puissante. Malgré les promesses de Toyota, cette mécanique se montre des plus amorphes. Certes, les accélérations au démarrage permettent de laisser su place la plupart de la production automobile contemporaine. Mais, une fois lancé, les accélérations et les reprises se font plutôt mollassonnes. Les deux tonnes à vide n’expliquent pas tout : il semble que les ingénieurs aient fait le choix d’une transmission lissant la prise de vitesse, au bénéfice de l’autonomie. Et, sur ce point, le bZ4X ne nous a pas déçu. Si notre parcours d’essai excluait toute autoroute digne de ce nom, les 400 km qu’il est capable de parcourir entre deux recharges sont des plus intéressantes. A défaut d’être très performant, donc, ce Toyota soigne particulièrement son confort. L’amortissement est très prévenant et absorbe au mieux les déformations de la route, y compris les ralentisseurs les plus traîtres. Mais, là encore, cela a une contrepartie : le comportement routier a totalement exclu de son vocabulaire la notion de dynamisme.