Depuis quelques années maintenant, le petit monde du vélo traditionnel est secoué par l’émergence de nouveaux acteurs qui se distinguent nettement des constructeurs traditionnels. On pense à de grands noms américains comme Cannondale ou Trek mais aussi asiatiques, Giant par exemple, ou encore européens. Les nouveaux constructeurs s’inscrivent dans l’air du temps avec une démarche proche de celle des start-ups et des ambitions fortes afin de développer un modèle « disruptif » – le vilain mot. Souvent les entrepreneurs à l’origine de ces projets pouvant sembler un peu fous, ne sont pas issus du sérail et misent beaucoup sur la communication, sur les réseaux sociaux et, en ce qui concerne le côté commercial, sur la vente directe.
Esprit start-up.
La marque Cowboy nous vient ainsi de jeunes entrepreneurs bruxellois qui s’étaient fait connaître au début des années 2010 avec une première start-up, le service de livraison de repas Take Eat Easy qui s’est arrêté en 2016 faute de rentabilité. Mais dès 2017, naissait des mêmes cerveaux Cowboy, un vélo à assistance électrique qui mise beaucoup sur le design et sur une image jeune, branchée et connectée. Une génération pour laquelle le smartphone est tout simplement le prolongement de la main.
Un design épuré.
Le Cowboy s’acquiert directement sur le site de la marque au prix de 1990 euros avec la possibilité de payer en trois fois sans frais. Mais il peut sembler difficile d’acheter un vélo sans l’essayer avant. L’équipe de Cowboy en est bien entendu consciente et permet aux consommateurs intéressés de réserver auprès de partenaires pour un essai. Il s’agit d’ambassadeurs qui viendront avec leur vélo à votre rencontre afin de vous permettre de rouler avec. La procédure est d’autant plus simple que le Cowboy n’est, pour l’heure en tout cas, proposé en une seule taille. Le premier contact est très positif. Le cadre revêtu d’une belle peinture noir mat est issu d’une usine européenne. Il se distingue immédiatement des productions bas-de-gamme par ses soudures totalement invisibles, preuves d’un évident souci du détail. On adore. Ce cadre affiche un tube horizontal parfaitement droit. Cela nuit un peu à la maniabilité du vélo par rapport à des géométries dites slooping, c’est-à-dire dont le tube s’abaisse de l’avant à l’arrière. Le cadre est, selon la marque, capable d’être utilisé par des personnes mesurant entre 1,70 m et 1,90 m. Dans les faits, nous dirions que les personnes de moins d’1,75 m pourraient se sentir mal à l’aise. Heureusement le tube supérieur relativement court permet de conserver une position relativement confortable. La fourche est en aluminium, ce qui, a priori, n’est pas ce qu’il y a de plus confortable. Au-dessus d’elle prend place sur la douille de direction un feu avant à leds parfaitement intégré. De la belle ouvrage.
Simplicité d’utilisation maximale.
Les ingénieurs de la marque belge ont souhaité offrir à leur engin un look sportif, ce qui passe aussi par une intégration maximale, notamment de la partie électrique. La batterie d’une capacité de 360 Wh prend ainsi place derrière le tube de selle. Elle intègre le feu arrière et doit être ôtée pour la recharge secteur. Impossible donc de recharger le vélo en le branchant directement sur son adaptateur secteur. Dommage. Capable d’offrir à ce VAE une autonomie de 70 km, elle est bien entendu protégée du vol par une serrure. Toujours dans le but d’aboutir à une électrification la plus discrète possible, le Cowboy se passe de console de commandes. Aucun écran fourmillant d’informations devant le cycliste. Celui-ci pourra simplement apprécier le niveau de charge de la batterie grâce à un jeu de leds intégrées au tube supérieur. Le moteur quant à lui est un Bafang d’une puissance de 250 W pour un couple maximal de 30 Nm prenant place dans le moyeu de la roue arrière. Le cintre légèrement relevé n’accueille aucun bouton et pour cause, il n’y a qu’un seul niveau d’assistance contrairement aux VAE classiques qui offrent souvent au moins trois ou quatre puissances d’assistance. La même simplicité est de mise côté transmission. Le Cowboy est un singlespeed, c’est-à-dire qu’il n’y a qu’une seule vitesse. Quand on vous dit qu’il s’agit d’un véritable vélo anti prise de tête ! Cerise sur le gâteau, la traditionnelle chaîne métallique cède ici sa place à une courroie en kevlar qui serait capable de résister sans mal à 50 000 km. Cette courroie ne nécessite aucun entretien, aucune lubrification qui pourrait au passage salir les bas de pantalon. Pour compenser cette simplicité mécanique, les ingénieurs de la marque ont développé une électronique capable d’adapter en permanence la puissance de l’assistance en fonction de la force exercée sur les pédales par le cycliste et de ses besoins. Pour le reste, le vélo dispose de roues de 27,5 pouces, soit un diamètre un peu plus petit que la plupart des vélos de ville, équipées de pneus Panaracer de 1,65 pouce de large. Pour le freinage, nous retrouvons une paire de disques hydrauliques signés Tektro de 160 mm de diamètre.
Application obligatoire pour un plaisir maximal.
Mais nous avons à présent hâte d’enfourcher ce beau bébé. Le réglage de la hauteur de la selle met en lumière le fait que le cadre est réellement plus fait pour les personnes de grande taille. En effet, avec notre 1,75 m, nous avons rabaissé la selle quasiment au maximum. Notre petit doigt nous dit qu’il se pourrait bien que la marque pense à développer une déclinaison plus adaptée aux personnes mesurant moins d’1,70 m… Se pose alors la question du démarrage du vélo puisqu’aucun bouton n’apparaît. Ne cherchez plus et dégainez plutôt votre smartphone. En effet, tout se passe depuis lui et l’application Cowboy. Une fois installée, elle vous invite à appairer smartphone et vélo, en clair de les connecter par l’intermédiaire du Bluetooth. L’app fera office de clé de déverrouillage mais aussi de tableau de bord avec indication de la vitesse instantanée, du kilométrage parcouru, du niveau de charge de la batterie… Il sera aussi possible d’accéder à certains réglages du vélo ou encore de le géolocaliser afin d’assurer sa protection antivol. Notons au passage que celle-ci est renforcée par l’utilisation d’écrous classiques pour les roues et non de système de démontage rapide. C’est aussi depuis l’application que le cycliste pourra allumer ou éteindre l’éclairage du vélo. Bien entendu, ce choix parfaitement assumé par les dirigeants du constructeur belge ravira les technophiles dont nous faisons partie mais nous aurions aimé avoir la possibilité d’utiliser le Cowboy aussi sans avoir à sortir systématiquement son smartphone. Les premiers tours de roue permettent d’apprécier une position bien étudiée : on se sent bien sur ce vélo ! La simplicité d’utilisation induite par l’absence de vitesse mécanique ou d’ajustement des niveaux de l’assistance électrique permet de se concentrer sur la conduite voire sur le pilotage car le Cowboy se montre plutôt sportif avec un poids très contenu pour un VAE : 16 kg. C’est un réel objet de plaisir qui peut compter sur une maniabilité sans pareil qu’il doit en grande partie à la présence d’un guidon étroit, très étroit même. On se glisse facilement dans la circulation et ce d’autant plus que l’assistance électrique fait preuve de peps. On arrive, avec des pneus haut rendement, au plafond des 25 km/h de la motorisation mais il est possible de franchir cette limite légale à la seule force de ses cuissots. La vitesse est grisante. Attention cependant aux limites d’adhérence des pneus peu cramponnés surtout sur des marquages au sol humides. Heureusement, le freinage assure en offrant un bon mix entre puissance et progressivité.
Le Cowboy est, vous l’aurez compris, une belle réussite à nos yeux et surtout nous l’apprécions pour son caractère exclusif. Avec lui, c’est le plaisir avant tout même si cela s’accompagne de certaines concessions en matière de confort et de praticité. Il n’embarque ainsi pas de porte-bagages ni de garde-boue (ils sont désormais proposés en option). Il nous rappelle donc avec son design dépouillé et très réussi les fixies qui ont connu leur heure de gloire il y a quelques années. Son prix demeure élevé mais pleinement justifié pour un cadre produit en Europe, cela se fait rare.